Où l’amitié rend aveugle.
Le
monde est ainsi fait : même si certains d’entre nous rechigne à l’avouer,
nous avons besoin des autres pour vivre et vivre heureux. Nous désirons au
moins une personne toute dévouée à notre cause, à qui nous pouvons nous
confier, raconter nos déboires, rires, s’amuser. Certains la trouvent en leur
moitié, d’autres dans leur famille, d’autres chez un ami. Ce que personne ne se
doute, lorsque cette formidable aventure commence avec l’autre, c’est que cette
relation est extrêmement fragile, et pour la plupart du temps, se base sur des
faux-semblants. On ressent le besoin de se faire aimer par cette autre personne
et, consciemment ou non, nous forgeons sur l’image qu’elle a de nous. Les
règles sont simples : nous savons ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut
pas faire, nous savons ce qu’il faut dire et ce qu’il ne faut pas dire. Pour le
reste, il suffit d’en profiter faussement. Au bout du compte, chacun y trouve
son compte : l’un un ami parfait, l’autre une oreille attentive. Mais parfois,
ce tableau inébranlable se fissure, sournoisement. Et les liens tressés avec
application, se dénouent peu à peu, en une latente ironie. Et vous avez cette
sensation amère d’avoir été trahi. Où vous êtes vous trompé dans votre
choix ? Quand avez-vous choisi le mauvais chemin ? De nombreuses
questions se bousculent dans votre tête. Le film de votre relation passe, et
vous tentez d’y retrouver l’une de vos fausses manœuvres, l’une de vos
maladresses. Mais au bout du compte, par couardise, vous ne pouvez vous empêcher
de penser : tout est de sa faute.